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jeudi 16 juin 2011

La simplicité vécue

Extrait de « La pensée comme voie d'éveil»
d'Yvan Amar


Qu'est-ce que la complexité ?
La complexité est en fait le propre du vivant. Plus on approfondit le vivant, plus se révèle sa complexité. Comment vivre la simplicité au sein du complexe qu'est le vivant ?
Une seule manière : reconnaître l'unité au sein de la diversité.
Au sein de la diversité, la capacité à reconnaître l'unité, à voir le simple dans le complexe, peut varier grandement. C'est la seule façon de rester simple.
Nous ne pouvons être simples que lorsque nous avons reconnu l'unité au sein de cette complexité. Aussi est-il juste de dire qu'une personne simple n'est pas une personne peu complexe, mais celle qui, au sein de la complexité, maintient la vision d'unité. Celle qui n'est pas éparpillée dans l'apparente diversité des parties et qui, en chaque partie, reconnaît l'intelligence du tout.
N'opposons pas simplicité et complexité.
Une bonne définition m'est venue, un jour, des personnes compliquées...
J'étais, il y a bien des années, dans un petit avion qui tenait avec des ficelles au-dessus du désert, en Turquie, et à côté de moi se tenait quelqu'un qui, justement, construisait des aéroports dans les déserts turcs ! Voyant le désert en bas et le côté un peu rafistolé de l'avion dans lequel nous étions, je lui dis :
"- Vous faites confiance, vous, à ces avions ?
Il me répond :
- Moi, vous savez, je suis philosophe.
Sautant sur l'occasion (j'avais dix-sept ans à l'époque, c'était la première fois que je me trouvais en Turquie), je lui demande :
- Et qu'est-ce que c'est, un philosophe ?
- C'est quelqu'un de pas compliqué.
- Ah oui, et en quoi n'est-il pas compliqué ?
- Quand il a l’oreille droite qui le gratte, il ne fait pas le tour de sa tête avec son bras gauche !"
Je l'avais pris sur le ton de la boutade, à l'époque, mais cela m'avait bien plu.
Je dirais, la simplicité, c'est d'aller directement là où l'on doit aller ; et être compliqué, c'est faire des tours et des détours... Quoiqu'il y ait des jésuites qui arrivent à beaucoup de simplicité dans la vie ! Ça me rappelle cette histoire du jésuite perdu dans la campagne et qui arrête un paysan sur son tracteur :
"- Vous connaissez le chemin pour aller à la ville ?
Et le paysan de répondre :
- Moi, je veux bien vous l'indiquer, mais vous ne pourrez pas y aller.
Le père jésuite insiste alors :
- Si, si, je vous assure, je suis en forme, je peux marcher, dites-moi simplement le chemin.
- Moi, je veux bien vous le dire, mais vous n'y arriverez pas.
- Mais enfin, pourquoi ?
- Parce que c'est tout droit !"
En l'occurrence, il s'agit de faire une distinction entre compliqué et complexe.
Un individu compliqué, c'est quelqu'un qui croit encore à la réalité de la diversité, qui n'a pas encore reconnu, au sein de la diversité, l'unité. Quel que soit le niveau d'organisation complexe dans lequel on se trouve, il existe une façon de gérer cette complexité qui relève de la simplicité dès lors qu'on a reconnu l'unité de l'ensemble.
Lorsque je vous parle, aucun des mots que j'utilise, aucune des pensées à l'origine de ces mots ne s'écarte d'une vision une. C'est en cela que ces propos, cette pensée sont exigeants : ils sont simples, parce qu'ils relèvent de cette vision d'unité, mais ils ne sont pas faciles, parce qu'ils obligent quiconque les écoute et y réfléchit à se démarquer des stratégies habituelles de la dispersion intérieure.